Comment structurer un projet de recherche qualitatif solide ?

Comment structurer un projet de recherche qualitatif solide ?

Avant même de collecter ou d’analyser des données, tout projet de recherche qualitatif passe par une phase structurante essentielle : celle du dépôt de projet. Que ce soit dans le cadre d’un mémoire, d’un financement académique (type ANR), ou d’une validation éthique, cette étape impose de formaliser, structurer et justifier l’ensemble de la démarche envisagée.

Définir un sujet ne suffit pas : il s’agit d’articuler question de recherche, objectifs scientifiques, cadre théorique, méthodologie, population ciblée, protocole d’analyse, dispositif éthique et planification opérationnelle. Autrement dit, transformer une intention intellectuelle en un projet faisable, lisible, et crédible.

Cette phase mobilise une réflexion approfondie et une capacité à organiser l’ensemble des composantes du projet pour en assurer la cohérence, la faisabilité et la transparence scientifique. Une structuration claire est également indispensable pour convaincre un encadrant, un comité d’éthique ou un financeur.

Dans cet article, nous détaillerons les éléments incontournables de cette phase préparatoire, ainsi que les bonnes pratiques méthodologiques et les outils pouvant en faciliter la mise en œuvre.

chercheuse curieuse projet de recherche

Pourquoi structurer son projet de recherche est une étape fondamentale ?

La recherche qualitative se distingue par sa richesse interprétative, sa souplesse et sa capacité à explorer des phénomènes complexes. Mais cette ouverture méthodologique ne dispense en rien d’une structuration rigoureuse en amont. Bien au contraire : plus le terrain est incertain ou exploratoire, plus le projet a besoin d’un cadre clair pour garantir sa cohérence, sa faisabilité et sa crédibilité scientifique.

Du tâtonnement à la cohérence méthodologique

Dans de nombreuses études qualitatives, le manque de structuration initiale conduit à des effets bien connus :

  • Un terrain trop vaste ou mal défini ;
  • Une collecte de données désorganisée ou incomplète ;
  • Une méthode qui évolue sans justification explicite ;
  • Un rapport final difficile à articuler.

Structurer un projet dès le départ, ce n’est pas figer son contenu, mais délimiter un périmètre cohérent : que cherche-t-on à comprendre ? Auprès de qui ? Par quels moyens ? Dans quel calendrier ? Avec quels outils ? Cette clarté est indispensable, notamment lorsque le projet doit être validé par un comité de recherche ou soumis à un financement.

Une posture qui oriente toute la structuration

La structuration d’un projet qualitatif dépend aussi de la posture épistémologique adoptée, car elle conditionne la manière de poser la question, de choisir le terrain et d’interpréter les données. Selon l’orientation choisie, qu’elle soit phénoménologique, interactionniste, constructiviste, ethnographique, critique ou issue d’autres traditions qualitatives, l’accent sera mis sur des dimensions différentes : compréhension du vécu subjectif, analyse des dynamiques sociales, co-construction du sens, observation d’un groupe ou mise en lumière des rapports de pouvoir. Expliciter cette posture dès le départ renforce la cohérence globale du projet et sa crédibilité scientifique.

Ce que permet une bonne structuration dès le départ

Une phase de structuration aboutie permet :

  • D’articuler clairement la logique du projet, depuis la problématique jusqu’à l’analyse envisagée ;
  • De justifier ses choix méthodologiques auprès d’un évaluateur, d’un encadrant ou d’un comité ;
  • D’anticiper les contraintes logistiques, éthiques, ou réglementaires (comme le RGPD) ;
  • D’organiser le travail collectif, si le projet implique plusieurs personnes (chercheurs, étudiants, commanditaires…) ;
  • De poser les bases d’une traçabilité scientifique solide : versioning, journal méthodologique, protocoles clairs.

En recherche qualitative, structurer n’est pas standardiser : c’est poser un cadre souple mais robuste, qui servira de colonne vertébrale à toutes les étapes suivantes.

Les composants clés d’un projet de recherche qualitatif

Un projet qualitatif bien structuré repose sur des éléments interdépendants qui doivent être pensés ensemble : problématique, objectifs, population, méthode, corpus, organisation et planification. C’est la cohérence de l’ensemble qui assure la solidité scientifique et la faisabilité du projet.

La question de recherche comme point d’ancrage

Toute structuration commence par une question de recherche claire, qui délimite le champ d’investigation et oriente les choix méthodologiques. Elle doit être :

  • Ouverte, pour inviter à l’exploration et à l’interprétation ;
  • Contextualisée, en lien avec un cadre théorique ou empirique ;
  • Alignée avec les objectifs scientifiques déclarés ;
  • Formulée en fonction des pratiques, des représentations ou des expériences des acteurs étudiés.

C’est elle qui guide la sélection du terrain, le choix des méthodes de collecte, la constitution du corpus et, in fine, la logique d’analyse.

Les objectifs de recherche : direction et portée

Un projet qualitatif doit énoncer :

  • Un objectif principal, qui répond à la question centrale du projet ;
  • Des objectifs secondaires, qui précisent les axes d’analyse ou les dimensions à explorer.

Exemple :

  • Objectif principal : Comprendre les pratiques numériques informelles des enseignants du secondaire.
  • Objectifs secondaires : Identifier les facteurs d’adoption, analyser les résistances exprimées, évaluer les effets sur le rapport au savoir.

Ces objectifs doivent être réalistes, adaptés aux moyens disponibles et en adéquation avec la méthode choisie.

Définir le terrain, les acteurs et les conditions d’accès

La faisabilité d’un projet repose sur une délimitation claire du terrain :

  • Population ciblée : profils, critères d’inclusion, nombre estimé de participants ;
  • Terrain d’étude : milieu scolaire, entreprise, association, etc. ;
  • Modalités d’accès : autorisations, contraintes institutionnelles, disponibilité des acteurs.

Cette précision est indispensable pour anticiper les questions éthiques (consentement, confidentialité, respect des réglementations telles que le RGPD).

Le cadre théorique préliminaire : une base, pas une cage

Même dans une démarche inductive, il est essentiel de situer sa recherche dans un champ existant. Cela implique :

  • Une revue des travaux antérieurs ;
  • L’identification des concepts mobilisables ou des modèles existants ;
  • L’élaboration éventuelle de grilles d’analyse provisoires.

L’objectif n’est pas d’enfermer la recherche dans un cadre rigide, mais de fournir un point de départ théorique solide, souvent requis dans les dossiers de soumission ou les protocoles scientifiques.

Les critères d'évaluation d'un projet de recherche

Méthodes et outils pour organiser le projet efficacement

Structurer un projet qualitatif, c’est aussi organiser sa charge de travail, formaliser les choix méthodologiques et anticiper la gestion des matériaux empiriques. Cette organisation repose sur une combinaison d’outils intellectuels (notes, schémas, grilles) et de supports méthodologiques capables de garantir rigueur, traçabilité et flexibilité.

Le journal de recherche comme socle de structuration

Le journal de recherche est l’un des outils les plus importants pour assurer la cohérence d’un projet. Il permet de consigner :

  • L’évolution du questionnement ;
  • Les hésitations ou réorientations méthodologiques ;
  • Les décisions prises à chaque étape de la phase préparatoire.

Qu’il soit tenu sur un carnet papier ou dans un document numérique, il constitue une trace réflexive essentielle. Dans de nombreux contextes académiques, cette documentation est exigée dans les protocoles soumis à un comité d’éthique ou à une direction de recherche.

Mind Maps, tableaux et diagrammes de planification

La visualisation schématique est particulièrement utile lors de la préparation d’un projet. Les cartes heuristiques (mind maps) ou les diagrammes de planification permettent :

  • D’articuler clairement la problématique, les concepts et les variables ;
  • De modéliser les relations entre les objets d’étude, les hypothèses et les méthodes ;
  • De structurer le raisonnement de manière synthétique et transmissible (par exemple en annexe d’un dossier de soumission).

Ces représentations visuelles jouent un rôle de support argumentaire : elles rendent le projet lisible pour un évaluateur ou un comité scientifique.

Planifier pour assurer la faisabilité

La planification détaillée des étapes du projet est une autre dimension essentielle :

  • Établir des jalons temporels réalistes (revue de littérature, obtention des autorisations, préparation des guides d’entretien, etc.) ;
  • Définir les tâches prioritaires et anticiper les contraintes logistiques ;
  • Identifier les points critiques : accès aux participants, autorisations institutionnelles, conditions éthiques.

Une bonne planification garantit la faisabilité du projet et permet de gérer efficacement le temps, surtout dans un contexte académique où les délais sont souvent contraints.

Préfigurer le projet avant la collecte

Il est recommandé de préfigurer la structure du projet avant même la collecte des données. Cette préfiguration peut inclure :

  • L’organisation anticipée du corpus (par type de sources : entretiens, documents, observations) ;
  • L’élaboration de catégories exploratoires ou de codes hypothétiques pour tester la pertinence du futur dispositif d’analyse ;
  • La rédaction de mémos de protocole pour consigner les choix méthodologiques et les justifications.

Cette étape permet de présenter un design de recherche crédible et réaliste, souvent demandé lors des dépôts de projets ou des demandes de financement.

Renforcer le dépôt de projet avec une grille d’évaluation

Avant de soumettre un projet à un encadrant, un comité éthique ou un financeur, il peut être utile de le confronter à des grilles d’évaluation reconnues. Elles servent de contrôle qualité méthodologique et permettent d’anticiper les critiques éventuelles :

  • FINER (Feasible, Interesting, Novel, Ethical, Relevant) et SPICE (Setting, Perspective, Interest, Comparison, Evaluation) ne servent pas uniquement à formuler une question ; ils aident à vérifier la faisabilité, la pertinence et les aspects éthiques du projet.
  • SRQR (Standards for Reporting Qualitative Research) et COREQ (Consolidated Criteria for Reporting Qualitative Research) sont des checklists internationales qui évaluent la clarté de la question, la justification des méthodes, la description du terrain et les garanties éthiques.
Quel cadre ou standard de recherche qualitatif devrais-je utiliser ?

S’appuyer sur ces cadres en amont augmente les chances d’obtenir une validation rapide et renforce la crédibilité scientifique du protocole.

Nos solutions pour organiser votre projet de recherche

Pour structurer efficacement votre projet de recherche qualitatif dès la phase préparatoire, nous vous sélectionné des logiciels complémentaires vous permettant de planifier votre démarche, d’organiser vos sources, d’anticiper l’analyse et de documenter rigoureusement chaque choix méthodologique.

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Ensemble, Citavi et NVivo posent les bases d’un protocole solide et d’une analyse anticipée. Ces solutions complémentaires intègrent le Lumivero AI Assistant, qui simplifie la production de résumés, en suggérant des concepts et en proposant des codes pour guider vos choix méthodologiques.

Conclusion : un projet bien structuré pour partir sur de bonnes bases

La structuration d’un projet qualitatif n’est pas une simple formalité : elle constitue une étape déterminante pour assurer la cohérence scientifique, la faisabilité et la crédibilité d’une étude. Définir clairement sa question de recherche, poser des objectifs réalistes, préciser les contours du périmètre et anticiper les contraintes éthiques sont autant d’éléments qui renforcent la solidité d’un protocole, qu’il s’agisse d’un mémoire ou d’un projet financé.

Cette phase préparatoire demande une réflexion approfondie et méthodique, pouvant être facilitée par des outils qui aident à organiser les idées et à planifier le travail. Utilisés avec discernement, ces logiciels spécialisés peuvent contribuer à rendre le projet plus lisible et plus facilement défendable auprès d’un comité scientifique ou d’une instance académique.

Un projet bien préparé est un projet qui laisse moins de place aux imprévus et qui offre un cadre solide pour la collecte et l’analyse des données, étapes qui suivront dans le processus de recherche qualitative.

Pour aller plus loin dans vos projets de recherche qualitative

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